La joie de croire avec Thérèse.
La foi limpide d’un cœur pur.
« Le beau jour entre les jours (celui de la première communion de Thérèse) arriva enfin, quels ineffables souvenirs ont laissés dans mon âme les plus petits détails de cette journée du Ciel !… Ah qu’il fut doux le premier baiser de Jésus à mon âme !…
Ce fut un baiser d’amour, je me sentais aimée, et je disais aussi : « Je vous aime, je me donne à vous pour toujours. » Il n’y eut pas de demandes, pas de luttes, de sacrifices, depuis longtemps, Jésus et la pauvre petite Thérèse s’étaient regardés et s’étaient compris… Ce jour-là, ce n’était plus un regard, mais une fusion, ils n’étaient plus deux, Thérèse avait disparu, comme la goutte d’eau qui se perd dans l’océan. Jésus restait seul, il était le maître, le Roi. Thérèse ne lui avait-elle pas demandé de lui ôter sa liberté, car sa liberté lui faisait peur, elle se sentait si faible, si fragile que pour jamais elle voulait s’unir à la Force Divine !… sa joie était trop grande, trop profonde pour qu’elle pût la contenir, des larmes délicieuses l’inondèrent bientôt au grand étonnement de ses compagnes… Elles ne comprenaient pas que toute la joie du ciel venant dans un cœur, ce cœur exilé ne puisse la supporter sans répandre de larmes. » (Ms A 83v-84r)
La foi mûrie qui se laisse élaguer.
« Mon âme est toujours dans le souterrain mais elle y est bien heureuse, oui heureuse de n’avoir aucune consolation car je trouve qu’alors son amour n’est pas comme l’amour des fiancés de la terre qui regardent toujours aux mains de leur Fiancé pour voir s’il ne leur apporte pas quelques présents, ou bien à leur visage pour y surprendre un sourire d’amour qui les ravit… Mais la pauvre petite fiancée de Jésus sent qu’elle aime Jésus pour Lui seul, et elle ne veut regarder le visage de son bien-aimé que pour y surprendre les larmes qui coulent des yeux qui l’ont ravie par leurs charmes cachés !… Elle veut les essuyer, ces larmes, pour en faire sa parure au jour de ses noces, parure qui elle aussi sera cachée mais sera comprise du Bien-Aimé. » (LT 115)
La foi fortifiée au cœur de la tempête.
« Une autre fois, j’étais au lavage devant une sœur qui me lançait de l’eau sale à la figure chaque fois qu’elle soulevait les mouchoirs sur son banc, mon premier mouvement fut de me reculer en m’essuyant la figure, afin de montrer à la sœur qui m’aspergeait qu’elle me rendrait service en se tenant tranquille, mais aussitôt je pensai que j’étais bien sotte de refuser des trésors qui m’étaient donnés si généreusement et je me gardai bien de faire paraître mon combat. Je fis tous mes efforts pour désirer de recevoir beaucoup d’eau sale, de sorte qu’à la fin j’avais vraiment pris goût à ce nouveau genre d’aspersion et je me promis de revenir une autre fois à cette heureuse place où l’on recevait tant de trésors.
Mère bien-aimée, vous voyez que je suis une très petite âme qui ne peut offrir au bon Dieu que de très petites choses, encore m’arrive-t-il souvent de laisser échapper de ces petits sacrifices qui donnent tant de paix à l’âme ; cela ne me décourage pas, je supporte d’avoir un peu moins de paix et je tâche d’être plus vigilante une autre fois.
Ah ! le Seigneur est si bon pour moi qu’il m’est impossible de le craindre, toujours Il m’a donné ce que j’ai désiré ou plutôt Il m’a fait désirer ce qu’Il voulait me donner, ainsi peu de temps avant que mon épreuve contre la foi commence, je me disais: Vraiment je n’ai pas de grandes épreuves extérieures et pour en avoir d’intérieures il faudrait que le bon Dieu change ma voie, je ne crois pas qu’Il le fasse, pourtant je ne puis toujours vivre ainsi dans le repos… quel moyen donc Jésus trouvera-t-Il pour m’éprouver ? La réponse ne se fit pas attendre et me montra que Celui que j’aime n’est pas à court de moyens ; sans changer ma voie, Il m’envoya l’épreuve qui devait mêler une salutaire amertume à toutes mes joies. » (Ms C 31)
La foi pleinement féconde, quand la croix se présente.
« Vous priez, mon Frère, pour mes parents qui sont au ciel, moi je prie souvent pour les vôtres qui sont encore sur la terre, c’est pour moi une bien douce obligation et je vous promets d’être toujours fidèle à la remplir, même si je quitte l’exil et plus encore peut-être puisque je connaîtrai mieux les grâces qui leur seront nécessaires ; et puis, lorsque leur course ici-bas sera finie, je viendrai les chercher en votre nom et les introduirai au Ciel. Qu’elle sera douce la vie de famille dont nous jouirons pendant toute l’éternité !
En attendant cette bienheureuse éternité, qui dans peu de temps s’ouvrira pour nous, puisque la vie n’est qu’un jour, travaillons ensemble au salut des âmes; moi je puis faire bien peu de chose, ou plutôt absolument rien si j’étais seule, ce qui me console c’est de penser qu’à vos côtés je puis servir à quelque chose; en effet le zéro par lui-même n’a pas de valeur, mais placé près de l’unité il devient puissant, pourvu toutefois qu’il se mette du bon côté, après et non pas avant !… C’est bien là que Jésus m’a placée et j’espère y rester toujours, en vous suivant de loin, par la prière et le sacrifice. » (LT 226)